A la découverte
Dans la deuxième moitié du XVIIIème, le continent africain couve encore bon nombre de mystères que les géographes des rois et cartographes des compagnies commerciales s’efforcent de mettre à jour. Si le littoral, grâce à la navigation de cabotage, est parcouru par les navires marchands qui se rendent en Inde, l’intérieur des terres est largement inconnu des européens. Deux énigmes intriguent particulièrement les explorateurs : les sources du Nil et l’embouchure du Niger.
Une approche humaine
Le docteur Livingston poursuivra toute une vie l’origine du Nil. Mungo Park, jeune médecin écossais, se dévouera quant à lui corps et âme à relier le delta du Niger. Ce dernier s’engage en 1795 pour la Société Africaine de Londres, à l’âge de vingt-quatre ans, et souhaite reprendre les explorations de Daniel Houghton. En arrivant en Gambie, il surprend ses hôtes. Pas question de s’avancer dans les terres avec une expédition lourde (certaines expéditions emmenaient plusieurs centaines de porteurs, du mobilier, des vivres, des armes, etc.). Il désire avancer discrètement, avec peu d’équipement. De même, il apprend dans la mesure du possible les dialectes locaux. D’une certaine manière, Mungo Park adopte une méthode plutôt anthropologique, en avance sur son temps.
Une série d’aventures
Le récit autobiographique de son premier voyage, “The Life And Travels Of Mungo Park”, raconte un odyssée pour le moins tumultueux. Pris en otage par un chef maure, évadé dans le désert, retrouvé fiévreux entre la vie et la mort, Mungo Park doit sa survie à son courage, sa débrouillardise et une grande part de chance. À de nombreuses occasions, des souverains locaux lui viendront en aide. Il sera tout de même le premier européen à atteindre la ville de Ségou (actuellement au Mali). À cet endroit, seul et au bout de ses forces, il décide de rebrousser chemin pour un itinéraire du retour tout aussi pénible. Arrivé sain et sauf au Royaume-Uni, il publiera son carnet de voyage : le livre remporte un vif succès, il passionne de nombreux lecteurs.
Un deuxième voyage
Auréolé d’une popularité fraîchement acquise. Mungo Park ne résiste pas longtemps à l’appel du sud. Disposant de moyens plus conséquents, il retourne en Afrique de l’Ouest et rejoint Bamako (actuellement au Mali). Il organise la construction d’un bateau. Depuis cette ville marchande, il débute la descente du Niger. Cette navigation est laborieuse. Toutefois, malgré les attaques des indigènes et les maladies, une partie de l’équipage atteint Bussa (actuellement au Nigéria), à plus de 1’600 kilomètres du point de départ. À cet endroit, selon le rapport des quelques rescapés, Mungo Park est attaqué par des guerriers Houassas. Aurait-il survécu au naufrage ? Aurait-il été fait prisonnier ? Les sources manquent et la disparition de l’aventurier reste en partie un mystère. Il était sur le point d’atteindre le delta du Niger qui s’écoule dans l’Atlantique…
Une inspiration pour d’autres
Mungo Park laisse en héritage de nombreuses indications récoltées de ses observations de terrain. Ce témoignage est d’une richesse sans équivoque. Ses indications sur les sociétés de cette partie du continent permettront notamment aux historiens de comprendre les multiples facettes liées à l’esclavagisme pré-colonial, aux guerres internes et à l’influence de l’Islam dans la région du Sahel occidental. Enfin, Mungo Park utilise un style de voyage valeureux et original. Cette méthode inspirera ses contemporains et futurs voyageurs.