Les femmes du safari

Dans l’imaginaire collectif, le safari reste souvent une affaire d’hommes : silhouettes en kaki, 4×4 lancés dans la poussière, rangers armés et explorateurs solitaires. Pourtant, derrière chaque itinéraire, il y a des femmes. Guides, pisteuses, cuisinières, propriétaires de camps, formatrices ou conservatrices, elles façonnent ce monde de l’intérieur.

Bernadette, manager de camp en Tanzanie
Bernadette, manager de camp en Tanzanie

Celles qui guident

Il y a quelques années encore, on comptait sur les doigts d’une main les femmes guides en Afrique de l’Est ou australe. Aujourd’hui, elles sont de plus en plus nombreuses à mener des marches dans le bush, à lire les empreintes, à conduire les véhicules, jumelles en bandoulière et regard affûté.

En Ouganda, dans les forêts humides de Kibale ou de Bwindi, ce sont souvent des pisteuses qui ouvrent la marche lors des treks à la rencontre des chimpanzés ou des gorilles. Certaines, formées par l’Uganda Wildlife Authority, travaillent depuis plus de dix ans dans ces parcs. Gladys Kalema-Zikusoka, vétérinaire et pionnière de la conservation, a largement œuvré pour intégrer les femmes dans la protection des gorilles à Bwindi à travers son organisation CTPH.

Au Zimbabwe, l’organisation Akashinga (« les braves » en shona), a constitué une unité 100 % féminine de rangers anti-braconnage dans la vallée du Zambèze. Issues de milieux défavorisés, souvent veuves ou victimes de violences, ces femmes ont été formées au pistage, à la patrouille armée, à la surveillance et à la médiation communautaire. Leur efficacité est reconnue, et leur action a permis une baisse significative du braconnage dans les zones qu’elles couvrent.

En Namibie, certaines femmes pisteuses travaillent en étroite collaboration avec des scientifiques et des ONG, notamment au Desert Rhino Camp ou dans les concessions du nord-ouest. Leur rôle est crucial pour suivre les populations de rhinocéros noirs, espèces sensibles et difficiles à localiser.

Au Kenya, des femmes Maasai ont été formées au pistage et à l’interprétation des écosystèmes dans des réserves communautaires comme celles du Maasai Mara. Certaines encadrent aujourd’hui des treks guidés à pied, notamment avec des organisations comme Saruni ou le Maa Trust.

Guide Maasai à Kichwa au Kenya

Celles qui reçoivent

Dans de nombreux camps, des femmes coordonnent votre séjour avec professionnalisme : managers, hôtelières, ou propriétaires, elles assurent la fluidité de l’expérience.

Ce savoir-faire repose sur une gestion précise, une capacité d’anticipation, et un réel sens de l’hospitalité. Leur compétence, souvent acquise sur le terrain, donne une tonalité particulière au séjour.

Et puis il y a celles qu’on ne voit pas toujours, mais dont la contribution est essentielle. Elles s’occupent de la logistique, du ravitaillement, de la préparation des repas, souvent dans des conditions éloignées de tout.

Dans de nombreux camps mobiles ou lodges isolés, leur rôle exige autonomie, polyvalence, capacité à improviser. Elles connaissent les attentes des voyageurs, mais aussi les contraintes du terrain.

Celles qui transmettent

Dans les réserves et les villages des femmes forment les générations suivantes. Elles enseignent l’art de suivre une trace, la connaissance des plantes, la photographie animalière, ou encore les bases de la conservation.

Programmes comme « Women in the Wilderness », « Guiding for Her » ou « Ride 4 a Woman” encouragent ces vocations. Certaines deviennent biologistes, d’autres naturalistes, d’autres encore formatrices. Leur parcours illustre la diversité des voies possibles dans les métiers du safari.

Elles savent que leur présence, parfois encore minoritaire, crée de nouvelles normes. Qu’une fillette qui voit une guide peut s’autoriser à devenir exploratrice.

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Pisteuse à Kibale en Ouganda
Pisteuse de chimpanzés à Kibale en Ouganda

Ce que leur présence change

Leur présence produit des effets visibles et profonds. Accès à des revenus stables, reconnaissance sociale, élargissement des perspectives professionnelles — autant de leviers vers l’indépendance. Une étude de l’ONG African People & Wildlife souligne que l’implication des femmes dans la conservation renforce la durabilité des actions et améliore la cohésion communautaire.

Des équipes comme les Chobe Angels ont changé la perception du métier au Botswana. Au Zimbabwe, Akashinga a réduit le braconnage tout en intégrant les femmes dans la chaîne décisionnelle locale. Au Kenya, l’accès des femmes à des fonctions de guidage et de formation influence directement le taux de scolarisation des jeunes filles et l’équité de genre dans les décisions économiques et familiales.

Conclusion

En autonomisant les femmes et en remettant en question les normes traditionnelles de genre, l’industrie du safari connaît une transformation profonde. C’est aussi grâce à elles que chaque voyage Mungo Park prend vie.

Il serait erroné de présenter cela comme un succès automatique. Certains freins demeurent : normes culturelles, obstacles logistiques, faible visibilité des femmes dans certains pays, salaire encore inégal. Il importe donc d’aborder cette transformation non pas comme une victoire acquise, mais comme une dynamique à encourager.

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